LES ORIGINES...
Personne n'est véritablement capable de dater avec précision la naissance de l'Ayurveda... C'est dire à quel point cette science est si ancienne, que ses origines véritables se perdent dans la nuit des temps...Les seules certitudes sur lesquelles s'appuyer sont les suivantes :
La science de la vie qu'est l'Ayurveda est née en Inde (peut-être dans la vallée de l’Indus...?) durant la période antique allant d’environ 4000 ans avant JC jusqu’au VIème siècle avant JC. Cette période se nomme l’Âge Védique. Selon la légende dévoilée dans les textes classiques, les grands maîtres et sages de l’époque, appelés les Rishis, reçurent la compréhension des phénomènes de l'univers lors de méditations profondes. A travers ces méditations, ils cherchaient le moyen de libérer les hommes des souffrances et des maladies mais surtout de vivre en harmonie avec la nature. Les écrits sur lesquels reposent tout ce savoir médical ayurvédique sont attribués à ces fameux Rishis. Ils rédigèrent de nombreux textes reprenant les principes généraux de leurs méditations et réflexions philosophiques. L'ensemble de ces textes forment un grand corpus appelé les Védas (écrits entre 4000 et 1500 avant JC).
LES VEDAS - "LES CONNAISSANCES"...
Ces textes classiques sont le véritable socle de la culture indienne et de l'Ayurveda...
Il existe quatre Védas: Rig-véda, Yajur-véda, Sama-véda et Atharva-véda qui transmettent les principes de base de la médecine ayurvédique telle qu'elle est appliquée et pratiquée en Inde encore aujourd’hui (Atharva-véda étant celui qui contient le plus de références à la médecine ayurvédique...). L’Ayurvéda est ce que l'on appelle un Upaveda dans les Védas, c'est à dire un corps secondaire de connaissances contenu dans les textes védiques.
Ces connaissances furent d'abord transmises oralement de maîtres à disciples pendant des siècles, avant d’être rassemblées et transcrites pour la première fois autour de 1500 ans avant JC. Elles furent rédigées sous forme d’hymnes, de formules et de chants, car la qualité vibratoire des mots était soigneusement choisie pour que leur simple récitation provoque déjà la guérison...
Il faut savoir que les Védas sont considérés comme les plus vieux écrits du monde parlant de l’entretien du corps, de l’esprit et de l’âme. N'ayons pas peur des mots : ils représentent la plus ancienne trace manuscrite de l’homme évoquant le soin et la médecine.
La philosophie védique est le fondement de toute l'histoire spirituelle et philosophique de l'Inde puisque des Védas sont nés : la religion Hindoue, l'Ayurveda, le Yoga, le Vastu et le Tantra... Il est important de comprendre que ces anciens sages et philosophes basaient leurs recherches sur la certitude que l'homme pouvait atteindre un état dans lequel il pourrait appréhender avec sa conscience, la totalité de l'univers et permettre ainsi au corps de s'harmoniser avec un tout créateur (chemin le plus sûr vers le bonheur, la santé et l'équilibre). Ils décrivent ainsi l'homme comme l'ensemble indissociable du corps, de l'âme, de l'esprit - cet ensemble étant soumis aux mêmes lois que son environnement - et du cosmos dont il fait partie intégrante.
Le style littéraire de l’époque privilégiait la poésie et la métaphore car plus facile à se remémorer et à chanter. Ce qui a pour conséquence que la traduction et l'interprétation de ces connaissances en sanskrit, aient pu donner lieu à divers interprétations. Pourtant ces écrits restent incontestablement un recueil de perles de sagesse, de savoir et d'indices qui conduisent encore aujourd'hui les savants modernes vers de nouvelles découvertes et perspectives de guérison.
Les premiers textes fondateurs...
Ce n'est qu'entre 1500 et 500 ans avant notre ère qu'ont été rédigés les premiers textes fondateurs de l'Ayurveda, telle que nous la connaissons aujourd'hui.
Il existe en tout six textes ayurvédiques classiques, divisés en deux catégories:
Le Brihat Treya - "les trois grands textes" et le Laghu Treya - "les trois textes inférieurs".
1) Les Brihat Treya sont les trois livres les plus importants de l’Ayurveda classique : ils se composent de la Caraka Samhita, de la Sushruta Samhita et de l’Ashtanga Hridayam. Ils couvrent l’essentiel des savoirs ayurvédiques actuels avec la constitution, les doshas, sous doshas, les maladies, les tissus corporels, les systèmes du corps, mais aussi les techniques de soins allant de traitements localisés sous forme d’onguent jusqu'à la chirurgie.
2) Les Laghu Treya sont les trois livres supplémentaires (ou inférieurs) : l’Ashtanga Samgraha, le Madhava Nidanam et le Sarangadhara Samhita. Ceux-ci décrivent plus en détail la pharmacologie utilisée en Panchakarma, la technique de lecture du pouls, la nutrition ayurvédique, le descriptif phytothérapeutique de certaines plantes, la toxicologie, la médecine gastro-intestinale, ou encore l’étude de nombreuses pathologies.
L'ensemble de ces livres constitue la littérature la plus importante de la médecine ayurvédique classique.
L'AYURVEDA TRAVERSE L'HISTOIRE ET LE MONDE...
L’influence de l’Ayurvéda fut progressive mais décisive pour de nombreux pays.
Pour exemple, la notoriété de l'Ayurveda acquise en Perse faisait qu’on l’étudiait obligatoirement avant la formation de la médecine arabe (les premiers califes du VIIIème traduisirent une version persane de la Charaka Samhita).
C’est surtout dans les contrées où la culture indienne se propagea avec le bouddhisme que l'Ayurveda connut le plus de succès. Plusieurs ouvrages de médecine ayurvédique ont été retrouvés en Asie centrale et en Asie de l’Est.
Au Tibet, de nombreux traités furent traduit de la langue indienne de l’époque (le Sanskrit) en tibétain. Ainsi, la médecine tibéto-mongole doit l’essentiel de ses bases théoriques et pratiques à l’Ayurvéda.
Au début de l’ère chrétienne, l’Ayurvéda se répand également en Birmanie et en Asie du sud-est où il se pratique encore de nos jours.
La rencontre avec le monde occidental...
Jusqu’à la fin du XVème siècle, il n’y avait que peu de contact entre l’Inde et l’Europe.
Un des premiers médecins européens à se rendre en Inde fut le portugais Garcia de Orta qui arriva à Goa en 1534 et qui y resta jusqu’à la fin de sa vie. Il pratiqua l’Ayurvéda et le recommanda à des patients sans jamais l’exporter en Europe.
La colonisation britannique durant près d'un siècle (1858 à 1947) a dévalorisé et négligé la culture indienne. L'Ayurveda fut petit à petit perdue au profit de la médecine allopathique moderne occidentale... Les britanniques dénigrèrent l'Ayurveda en disant qu'il est impossible de se soigner avec de telles formulations. De nombreux textes furent brulés et des lignées entières de Vaidyas (médecins ayurvédiques) disparurent...
Heureusement, la médecine traditionnelle ayurvédique conserva toujours un important crédit auprès des dirigeants de l'Inde post-coloniale, qui ont formé différents comités dans chaque état afin de redévelopper l'Ayurveda.
L'AYURVEDA AUJOURD'HUI...
L'Ayurveda a traversé les âges et le temps malgré l'adversité car elle a marqué profondément la culture indienne. Aujourd'hui, tous les indiens s'y réfèrent comme un héritage des temps anciens délivrant les secrets de l'une des médecines holistiques les plus importantes du monde.
Depuis 1995, c’est le département AYUSH (ou département d’Ayurvéda, Yoga, Naturopathie, Unani, Siddhaet, Homéopathie) qui a pris la relève du Comité Central des Médecines Indiennes, au sein du ministère de la santé en Inde.
De nombreux instituts d'Ayurveda (au nombre seulement de 5 lors de l'indépendance) ont été créés depuis (233 dont 65 universités et 57 institutions qui proposent des études supérieures en Ayurveda -Master et Doctorat).
Les limitations de la médecine moderne actuelle et la mondialisation ont permis à l'Ayurveda de se développer internationalement. Et finalement, c'est en 1982 que l'Ayurveda est officiellement reconnu par l'OMS comme système de santé traditionnel. Les gouvernements de l'Inde, du Bangladesh, du Sri Lanka, de l'Afrique du Sud, de la Nouvelle-Zélande, d'Australie, d'Autriche, de Suisse, de Hongrie, de Roumanie, du Brésil, de Russie, de Grande-Bretagne et de Mauritanie reconnaissent officiellement l'Ayurveda comme comme système de santé complémentaire à la médecine allopathique moderne, ou même comme médecine autonome et indépendante.
Pour conclure, il n'y aura pas mieux qu'une citation d'un texte classique de l'Ayurveda :
"L'Ayurveda est éternel, car il n'a pas de commencement, il traite de choses qui sont inhérentes à la nature, et ses manifestations naturelles sont éternelles. Il n'y a pas de discontinuité, que ce soit dans le processus de la vie, ou dans la connaissance des choses. Les êtres humains qui ont la connaissance des différents facteurs relatifs à la science de la vie, sont aussi éternels. La connaissance du bonheur et du malheur, accompagnée de leurs étiologies, symptomatologies et thérapeutiques ont une continuité et n'ont pas de commencement. C'est ce qui est décrit dans l'Ayurveda..."
Charaka Samhita, Sutrasthana, chapitre 30, Sloka 27
